Ici
Ici, il est arrive a Merlin de peter les plombs, et de delirer sur les menus dont il revait ! Il psalmodiait alors des enumerations sans fin de cotes de porc, de hamburgers, de tartes a la groseille, et de glaces aux 1000 parfums… a en faire saliver le reste de la famille ! Mais quelle surprise aussi de decouvrir les lassis, les chai, les pancakes, les byrianis et autres thalis !
Ici, il est arrive a Ambroise d’avoir le mal du pays. A regretter sa famille, sa chambre, ses copains, ses habitudes. Mais quel plaisir aussi de decouvrir ensemble ces lieux magiques, ces temples, ces animaux !
Ici, il est arrive a Cassandre de trouver que le Cned est une scolarite difficile ; sans l’appui des camarades, on se demoralise plus rapidement. Mais autant de considerations qui s’envolent aussi des qu’on est sur le dos d’un chameau en plein desert, ou qu’on prend un petit dej’ devant le Taj Mahal.
Ici, il m’est arrive de comprendre les etats d’ame des enfants, de les partager parfois.
Ici, il nous est arrive chaque jour de nous etonner 1000 fois, de facon plus ou moins plaisante !
Ici on trouve dans la rue tous les petits metiers : le repasseur, le tailleur de moustaches, le tailleur de costumes, le cireur de chaussures, l’arracheur de dents, ou celui qui lit les lignes de la main.
Ici on a vu des gens qui ramassaient rats et souris dans les cites pour aller les relacher en dehors de la ville.
Ici au feu rouge, on peut voir cote a cote : un elephant et un bus, un dromadaire et une moto, un ane et un rickshaw, un char a bœuf et un velo. La cohabitation avec les animaux est toute naturelle.
Ici on nourrit les animaux des rues : les pigeons, les singes, les poissons dans les lacs, les vaches dans les ruelles.
Ici les vaches sont sacrees. Elles sement leurs bouses a tout vent. Elles mangent les cartons et papiers qui jonchent les rues (chient-elles des briques de lait ?). Mais elles se prennent des coups de baton quand elles s’approchent trop pres des etals de legumes : meme le sacre a ses limites !
Ici presque tous les hommes ont des grosses boucles d’oreilles des deux cotes, et se peignent 50 fois par jour.
Ici on a croise des tres jeunes adultes qui n’avaient jamais ete une seule journee de leur vie a l’ecole, et qui expliquaient aux enfants quelle etait leur chance de pouvoir y aller.
Ici on a vu comme jamais des estropies, des lepreux, des culs-de-jatte qui nous tendaient la main. Difficile a expliquer car difficile a comprendre, difficile a admettre. Et difficile de soutenir certains regards.
Ici on s’est souvent demande avec amusement qui etait le plus etonne: nous d’observer toutes ces choses inconnues, ou bien les gens d’ici de rencontrer notre insolite famille bicolore !
Ici, nous venons de passer deux mois qui ont file a la vitesse de l’eclair. Heureux de ce debut de parcours. Et curieux de ce qui nous attend encore…