L’usage du monde
De Nicolas Bouvier
Petite bibliothèque Payot
Le mois dernier, aux fins fonds de Sumatra, j’ai reçu un mail de James. Dans ce courrier, il me conseillait la lecture d’un livre : L’usage du monde.
Je lui ai alors répondu que je prenais note et que je le lirais à mon retour en France.
Dans le village où nous étions, il y avait une boutique qui vendait des livres usagés.
Je demande à la commerçante si elle a des livres en français, elle me répond qu’elle n’en a que trois, le reste étant en indonésien ou en anglais.
Je jette quand même un œil sur les trois ouvrages, l’un est « L’usage du monde » !! Certains clins d’œil de la vie me touchent profondément.
Voici un récit de voyage.
L’auteur qui a 25 ans à l’époque (1953,1954) est écrivain. Son compagnon de route est Thierry Vernet, peintre. Le voyage se déroule pendant deux ans entre Genève et le Khyber Pass.
J’ai beaucoup apprécié le regard que porte cet homme sur les rencontres et les découvertes qu’il fait, et la façon dont il le couche sur papier dans une écriture malicieuse, fine et détaillée.
Quelques extraits :
« Si je n’étais pas parvenu à écrire grand-chose, c’est qu’être heureux me prenait tout mon temps. D’ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu. »
« Une salivation émotive accompagne l’appétit, qui prouve à quel point dans la vie de voyage, les nourritures du corps et de l’esprit ont partie liée. Projets et mouton grillé, café turc et souvenirs. »
« Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations »
« À force de travailler pour la mort, le menuisier finit par lui ressembler. À l’heure de la sieste, il dort sur une planche supportée par deux chevalets, le menton levé, ses grosses pattes jointes sur l’estomac. À peine le voit-on respirer. Les mouches elles-mêmes s’y trompent. La planche est étroite, s’il bougeait il tomberait ; s’il tombait il mourrait. »
Dans les deux autres livres de la petite vendeuse du lac Toba ne se trouvait pas « Le Poisson-Scorpion » (Payot, 90), mais je compte bien me le procurer à mon retour en France (et c’est bientôt !).